optimiser son capteur

Comment optimiser l’utilisation de son capteur pour une meilleure durée dans la cible ?

Par Nina Tousch

L’avènement des capteurs de glycémie en continu permet d’avoir une meilleure visibilité sur ses glycémies. En effet, les capteurs permettent de connaître la durée dans la cible, une variable à ne pas sous-estimer et à optimiser nous disent les chercheurs.

Bien que les capteurs changent la vie des diabétiques, ces derniers n’utilisent pas tout leur potentiel. Jusqu’à présent, l’hbA1c ( la moyenne de notre glycémie sur les deux ou trois derniers mois) était la valeur de référence pour les docteurs et les diabétiques. Or, celle-ci ne nous dit rien sur notre courbe de glycémie quotidienne. Par exemple, on peut avoir une hbA1c à 7% tout en ayant fait de nombreuses hypos et hypers puisque c’est la glycémie moyenne qui est mesurée. Malgré tout, l’hémoglobine glyquée reste un indicateur de base et il ne faut pas la laisser tomber.

Heureusement, il y a les capteurs. Les capteurs sont révolutionnaires car ils nous donnent des informations sur notre glycémie que l’hbA1c ne nous donne pas. Néanmoins, le progrès a aussi généré une augmentation du stress, des problèmes de précision, des allergies et surtout, les capteurs ne sont pas disponibles dans le monde entier ni accessibles à tous les diabétiques.

Selon les auteurs de Clinical Targets for Continuous Glucose Monitoring Data Interpretation: Recommendations From the International Consensus on Time in Range, l’optimisation de l’utilisation des capteurs passe par :

  1. la définition des variables nécessaires que doit mesurer un capteur.
  2. la présentation visuelle de ces données dans un rapport.
  3. la mise en place avec le patient diabétique d’objectifs clairs à atteindre.

La définition des variables nécessaires que doit mesurer un capteur.

En 2017, lors de la conférence de l’ATTD (Advanced Technologies and Treatments for Diabetes), des chercheurs ont défini 10 variables nécessaires qu’un capteur doit mesurer : le taux de glycémie moyen, le nombre de jours que le capteur est porté, la durée dans la cible, la durée au-dessus et en-dessous de la cible, entre autres. 

Les chercheurs nous disent aussi autre chose : la durée dans la cible nous en dit plus sur notre glycémie et ses variabilités que l’hbA1c. Ils décident donc de définir la durée dans la cible à viser (voir tableau ci-dessous). Celle-ci est exprimée en pourcentage. Il ne faut donc pas sous-estimer la durée dans la cible. Pour améliorer se durée dans la cible, les auteurs de l’article recommandent tout d’abord de diminuer la durée en-dessous de la cible puis de travailler sur la durée au-dessus et/ou dans la cible. 

 

Objectifs : quelle durée dans la cible

Durée dans la cible à viser selon le type de diabète d’après les grands sages.

Durée dans la cible et hbA1c 

“Même si la durée dans la cible is the new black, ne laissez pas pour autant tomber votre hbA1c” semblent nous dire ces chercheurs, en langage non-scientifique. En effet, la durée dans la cible et l’hbA1c sont liés. Une étude menée par Beck et al effectuée sur 545 adultes diabétiques révèle que les patients passant 70% et 50% dans la cible avaient respectivement une hémoglobine glyquée de 7 % et 8 %. Elle révèle aussi qu’une augmentation de la durée dans la cible de 10% diminue l’hbA1c de 0,5%.

La présentation visuelle des données du capteur dans un rapport.

En 2013, des scientifiques ont défendu l’importance de l’utilisation d’un AGP (Ambulatory Glucose Profile), autrement dit d’un rapport détaillé de nos glycémies qui permet de voir en un coup d’oeil les données scannées par le capteur. Depuis, de nombreux laboratoires ont adopté l’idée et permettent aux diabétiques de synchroniser leur capteur avec un logiciel qui recueille et synthétise les variables mesurées par votre capteur (photo ci-dessous). Ces données sont souvent utilisées par votre diabétologue pour vous gronder ou vous féliciter. Elles permettent surtout de détecter plus facilement des pistes d’amélioration.

 

Rapport AGP chez Abbott (capteurs Freestyle Libre)

La mise en place d’objectifs clairs et faisables.

Enfin, l’optimisation de son capteur passe par la mise en place avec le patient diabétique d’objectifs clairs à atteindre. Une étude de DeWalt et al. souligne qu’établir des objectifs faisables améliore non seulement la relation entre le patient et son diabète mais aussi que le patient qui réussit à atteindre ses objectifs se lance d’autres objectifs tout seul. Les auteurs reviennent aussi sur la méthode SMART (Specific, Measurable, Achievable, Relevant, Time-bound ou en français la méthode SMFUL pour Spécifique, Mesurable, Faisable, Utile, et Limité dans le temps). Cette méthode s’applique parfaitement dans la perspective d’augmenter sa durée dans la cible. Quatre éléments la composent : 

  • l’objectif est précis et définit ce qui doit être achevé.
  • l’objectif est quantifiable et une fois achevée, il est perceptible.
  • bien que l’objectif soit faisable, il reste un défi pour le patient.
  • l’objectif doit être atteint sur le court-terme.

Diabétiques, à vos rapports !

La ménestrelle

TRADUIT PAR NINA TOUSCH, LE 11/09/2020

Nina a créé Diabetopole en septembre 2020, tout juste huit ans après être devenue diabétique. Elle aime tenir informé les diabétiques sur ce qu’il ce passe sur la planète Diabète et n’hésite pas à aller au bout du monde pour vous rapporter des infos croquantes. Suivez-la sur les réseaux sociaux.

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