
road trip : vingt jours sur la route
Par Nina Tousch
Il y a deux ans, j’ai fait un road trip dans l’Ouest américain, le premier d’une longue série. Ce que j’aime lors d’un road trip, c’est l’imprévisibilité. Mais comment maintenir le cap pendant vingt jours, en voiture ou en randonnée, parfois dans des températures extrêmes, à l’autre bout du monde ?
Reportage d’une diabétique à la conquête de l’Ouest et de soi-même.
Toujours partir à l’aventure avec du matériel de secours
J’ai commencé mon voyage à Los Angeles. Une ville tentaculaire ! Pendant un road trip, les journées sont longues et imprévisibles. Le matin, mon copain et moi partions habituellement pour toute la journée découvrir cette ville immense. Nous commencions par un petit-déjeuner (trop) riche en glucides ( jus detox fraîchement pressé et almond croissant au The Cow’s End Cafe sur Washington Boulevard) que nous dégustions au bord de la plage à Venice Beach, avant de plonger dans l’Océan Pacifique. Autant vous dire que j’étais en hyper dès le matin…
Le diabète et la plage ne font parfois pas bon ménage. Depuis que j’ai l’Omnipod, il m’est arrivée que ma pompe se décolle à cause des longues heures passées dans l’eau. Avant, sous pompe MiniMed Paradigm, mon KT* se bouchait avec le sable, même si je le refermais bien quand j’allais me baigner. Lorsque ça m’arrivait, c’était la fin du monde ! Je stressais et je m’énervais car je ne prenais pas de matériel de secours. Je pense honnêtement que je ne le prenais pas volontairement ; je ne voulais pas mélanger ces moments de bonheur et de détente à la plage avec des KT, des aiguilles et de l‘insuline. Mais la fin brutale d’une baignade à cause d’une pompe ou d’un KT décollé m’a fait changé ma manière de préparer mes sorties à la plage. J’ai appris la leçon : il faut toujours sortir avec du matériel de secours, surtout quand on est en vacances et qu’on va à la plage !
Par conséquent, je glisse toujours dans le sac que j’emmène à la plage ou en promenade une trousse avec un pod de secours (ou un KT et un réservoir en plus lorsque je n’avais pas Omnipod) et une ampoule d’insuline que je conserve dans ma pochette refroidissante.

Bien conserver son insuline

S’adapter et profiter !
Les premiers jours sont compliqués : entre le décalage horaire (9 heures en moins quand même) et l’excitation, j’ai peu de temps à consacrer à mon diabète. A peine arrivée, je prévois des snacks pour traiter les hypos ( je suis tombée amoureuse de la barre énergétique CLIF; elle est terrible pour la glycémie… mais tellement bonne). Je ne fais pas du tout attention à mes bolus, j’injecte sans trop calculer mes glucides ni prévoir les effets à rebours. Je mange surtout des pizzas, des burritos, des burgers et des frites… comment faire ??!!
☞ Depuis que j’ai la pompe Omnipod, voyager est encore plus facile : j’emballe 2 fois moins de matériel, je n’ai pas de problèmes de KT bouché et je n’ai pas de temps de baignade limité car elle va sous l’eau.
☞ Je vous en parle dans cet article, utiliser les différentes options de bolus et de basal de la pompe peut réellement aider à diminuer les dégâts glycémiques, surtout quand on mange beaucoup de glucides pendant les repas.
☞ PROFITER ! L’objectif est bien sûr de minimiser les hypos et les hypers mais après tout, c’est l’aventure ! Vous avez déjà vu une aventurière être limitée par son diabète ?
En conclusion, partir à l’aventure est un vrai challenge pour mon diabète. Je ne veux surtout pas que mon diabète soit un obstacle lorsque je voyage, mais pour être totalement honnête, il en est un, dans le sens où je ne peux pas m’amuser sans être insouciante ni mettre ma santé à l’épreuve. Après un, deux … cinq road trips, j’ai appris à adapter mon diabète au chaos californien : je suis plus attentive à la température de mon insuline, j’essaie de faire mes bolus en avance, d’être équipée pour les randonnées en cas d’hypo, je vais même jusqu’à privilégier un léger petit-déjeuner plutôt que des maxi pancakes avec du beurre, du sirop d’érable et beaucoup de nutella. Non, je rigole. Pendant ces vacances, c’est no control, je reprendrais les choses en main une fois à la maison.

* KT : cathéter. La pompe à insuline avec tubulure est constituée d’un fil (tubulure) qui relie le réservoir d’insuline mis dans la pompe au cathéter, qui est lui posé sur la peau et qui possède une très courte aiguille par laquelle l’insuline passe. Il est possible de décrocher la tubulure du KT, lorsque par exemple on veut se doucher ou se baigner. Il faut alors protéger le KT avec une protection plastique qui se clipse dessus, afin d’éviter qu’il se bouche (avec du sable par exemple). Un KT bouché = l’insuline ne passe plus et c’est l’hyperglycémie assuré.